Vous avez sans doute déjà vu ce genre d’image : sur un fond bleur profond, caractéristique du cyanotype, se dinstinguent deux empreintes : ma première est très blanche, comme on en a l’habitude, mais la seconde est bleu clair. Comment obtenir ce genre de tirage cyanotype ? Cette technique porte un nom : la double exposition cyanotype. Dans cet article, on vous expose son principe de fonctionnement, plusieurs méthodes pas à pas pour créer vos propres cyanotypes en double impression, et nos conseils et points de vigilance pour découvrir et maîtriser cette technique subtile.

Un exemple de cyanotype en double exposition, avec deux fougères
La double exposition, qu’est-ce que c’est ?
Le principe de la double exposition n’est pas spécifique au cyanotype. En photographie argentique aussi, on trouve des photos obtenues par double exposition. Le principe est le suivant : on prend une première photo, puis une seconde sur la même image. La pellicule photo argentique est donc exposée deux fois. Sur le tirage final, les deux images se superposent et s’entremèlent. Pour que le résultat soit réussi, il faut que chaque photo soit sous-exposée : sinon, l’ensemble serait sur-exposé (trop exposé à la lumière), donc le motif de l’image se distinguerait mal.
Cette technique était même très facile à réaliser, même de manière involontaire, sur les anciens appareils argentiques. En effet, il n’existait pas de mécanisme automatique pour faire avancer la pellicule après chaque prise de vue. Pour créer une photo en double exposition, il suffisait donc de prendre une première photo, puis une seconde sans avancer le film entre les deux.
Aujourd’hui, certains appareils photo numériques proposent une option pour réaliser des photos en double exposition. Sinon, il vous faudra utiliser un logiciel de retouche photo.
Si vous vous intéressez à la photographie, nous ne pouvons que vous inviter à chercher à admirer des photos en double exposition : c’est une méthode pleine de surprises !

On peut créer des surprises avec la double exposition… Et cela ne date pas d’hier : cette photographie d’un « fantôme », obtenue en fait par une double exposition sur une photographie argentique, date de 1899 ! Elle provient des archives nationales du Royaume Uni. (Image of a ghost)
La double exposition en cyanotype
En cyanotype, pas d’appareil photo ni de pellicule : le cyanotype est une méthode de photographie contact (on dit aussi photogramme), où l’objet dont on veut conserver l’image est posé directement sur le papeir photosensible. Pour réaliser une double exposition, le principe est donc de modifier la composition de votre cyanotype pendant l’exposition aux rayons UV. Ainsi, le cyanotype conservera une première image, puis une seconde quand vous aurez modifié votre composition. Voici trois exemples concrets de méthodes pour réaliser une double exposition :
- Ajouter un objet pendant l’exposition aux UV
- Enlever un objet pendant l’exposition aux UV
- Déplacer l’objet pendant l’exposition aux UV
Dans tous les cas, le principe est semblable : on réalise une première partie de l’exposition aux UV avec une première composition ; on fait ensuite une pause, le temps de modifier la composition, puis on termine l’insolation. Vous trouverez plus de détails sur chaque méthode un peu plus loin dans cet article.
Le matériel nécessaire pour réaliser des doubles expositions en cyanotype
- Votre support pour cyanotype (papier imprégné, ou tissu, ou bois… De nombreux supports sont possibles, même si on parle surtout de papier dans cet article, par simplification !)
- Le ou les objets que vous souhaitez immortaliser
- Une source UV (soleil ou lampe UV)
- un chronomètre
- un ou plusieurs cadres d’insolation, ou à défaut, une ou plusieurs vitres transparentes
- un bac de rinçage adapté à la taille des cyanotypes que vous souhaitez réaliser et de l’eau
Vous trouverez tout le matériel nécessaire sur ce même site, sur la partie Boutique de Tout pour le cyanotype ! Nos produits sont fabriqués et / ou sélectionnés par nos soins, et nous vous les proposons après les avoir scrupuleusement testés et approuvés. Ils sont envoyés depuis notre fabrique du Jura en France.
La double exposition cyanotype en ajoutant un objet en cours de route
- Installez votre papier cyanotype, et recouvrez-le d’un premier objet à immortaliser.
- Maintenez cet objet en place avec la vitre de votre cadre d’insolation.
- Placez votre composition cyanotype sous la source UV (soleil ou lampe)
- En même temps, lancez un chronomètre : il faut que la durée d’exposition aux UV soit moitié plus courte. Par exemple, si vous avez l’habitude d’exposer 8 minutes sous votre lampe UV, ici il faudra exposer seulement 4 minutes.
- Une fois ce temps écoulé, positionnez le deuxième objet à cyanotyper sur la vitre de votre cadre d’insolation
- Enfin, terminez l’insolation (dans notre exemple, les 4 minutes restantes).
- Vous pouvez maintenant procéder au rinçage.

Placer l’un des objets à cyanotyper en-dessous de la vitre de votre cadre d’insolation et l’autre au-dessus évite qu’ils ne s’accrochent quand vous modifiez la composition en cours de route. Ainsi, le premier objet garde bien la même position pendant toute la durée de l’insolation.
La double exposition en retirant un objet en cours de route
Le principe est similaire :
- Installez votre papier cyanotype, recouvrez-le d’un premier objet à immortaliser.
- Maintenez cet objet en place avec la vitre de votre cadre d’insolation.
- Immédiatement, positionnez le deuxième objet à cyanotyper sur la vitre de votre cadre d’insolation. Vous pouvez recouvrir celui-ci d’une seconde vitre, mais ce n’est pas obligatoire.
- Placez votre composition sous la source UV (soleil ou lampe)
- Lancez un chronomètre : il faut que la durée d’exposition aux UV soit moitié plus courte. Par exemple, si vous avez l’habitude d’exposer 8 minutes sous votre lampe UV, ici il faudra exposer seulement 4 minutes.
- Une fois ce temps écoulé, retirez l’objet du dessus.
- Enfin, terminez l’insolation (dans notre exemple, les 4 minutes restantes).
- Vous pouvez maintenant procéder au rinçage.
Le rinçage va fixer l’empreinte cyanotype. Vous devriez en voir une très blanche (celle qui a été cachée par un objet du début à la fin) et une bleu claire (celle qui a été partiellement exposée aux UV)
La double exposition en déplaçant un objet en cours de route
- Installez votre papier cyanotype, recouvrez-le d’un premier objet à immortaliser.
- Vous pouvez maintenir cet objet en place avec la vitre de votre cadre d’insolation (c’est recommandé si vous faites une exposition en extérieur, à cause du vent), mais ce n’est pas obligatoire.
- Placez votre composition sous la source UV (soleil ou lampe)
- Lancez un chronomètre : il faut que la durée d’exposition aux UV soit moitié plus courte. Par exemple, si vous avez l’habitude d’exposer 8 minutes sous votre lampe UV, ici il faudra exposer seulement 4 minutes.
- Une fois ce temps écoulé, déplacez l’objet. Vous pouvez le recouvrir à nouveau de la vitre du cadre d’insolation. Encore une fois, ce n’est pas obligatoire, cela dépend de l’effet recherché.
- Enfin, terminez l’insolation (dans notre exemple, les 4 minutes restantes).
- Vous pouvez maintenant procéder au rinçage.

En déplaçant l’objet en cours de route, les deux empreintes seront bleu clair, car elles auront été toutes les deux partiellement exposées aux UV. Si le premier emplacement et le second ont une zone de recouvrement, alors elle sera blanche.
Trucs et astuces pour la double exposition
- Il est plus facile de faire des doubles expositions avec une lampe UV. C’est tout à fait possible au soleil ! Mais l’avantage de la lampe UV, c’est qu’on peut l’éteindre entre la première partie de l’insolation et la seconde : et ça, c’est quand même bien pratique pour ajuster tranquillement sa composition.
- Dans cet article, nous avons recommandé de diviser le temps d’insolation en deux parties égales. Ce n’est pas la seule manière de faire : vous pouvez tout à fait choisir de chronométrer 1/3 et 2/3 du temps, ou 1/4 et 3/4… Suivant le sujet de votre cyanotype et vos envies créatives, cela peut même être mieux ! Comme toujours en cyanotype, expérimentez et faites-vous plaisir.
- Les trois méthodes exposées ici (ajouter un objet, enlever un objet, déplacer l’objet) donneront des résultats de double exposition cyanotype différents..Pour les deux premières, l’un des objets à cyanotyper est fixe : il laissera donc une empreinte bien blanche, alors que celui qui a été ajouté ou enlevé laissera une empreinte bleu clair. Pour la 3e méthode, en revanche, vous aurez deux empreintes bleu clair. La seule zone blanche serait celle où il y a une zone de recouvrement entre la première position de l’objet et la seconde.
- Pour débuter, il est plus facile d’utiliser un objet bien opaque. Les effets de transparence (avec des pétales, un tissu transparent…) en double exposition sont plus difficiles à maîtriser. Quant aux objets très fins (graminées…), la différence de couleur entre le bleu clair et le blanc sera moins marquée. Nous vous recommandons de commencer par une fougère, une feuille de gingko, un découpage… Ensuite, bien sûr, libre à vous d’expérimenter !
- En double exposition, vous pouvez aussi tout à fait utiliser une photo imprimée sur film transparent, pour expérimenter avec la double exposition à partir de négatifs photos.
- Il est possible de ne pas recouvrir l’objet à cyanotyper d’une vitre transparente. Vous aurez un rendu différent dans ce cas, mais les méthodes précédentes fonctionnent. Cette vitre est bien utile pour maintenir en place votre composition, et pour plaquer l’objet au papier cyanotype. Mais vous pouvez absolument expérimenter en acceptant le risque de voir l’objet bouger librement, ou encore en faisant de la double exposition avec un objet en volume. Encore une fois, l’expérimentation est le maître mot !
- La double exposition est bien sûr également possible avec le rosatype, la variante rose du cyanotype ! Les mêmes conseils et recommandations s’appliquent.
- A la recherche d’inspiration ? Nous ne pouvons que vous recommander de faire un tour dans notre sélection librairie. Vous trouverez en particulier L’Art du Cyanotype, par Agnès Prieur Agostini ; Cyanotypes, Appropriations contemporaines aux éditions Artfolage et Cyanotype, l’Art et la Technique par Christina Z. Anderson.
