Anna Atkins : botaniste, photographe, scientifique et artiste
A partir de 1843, la botaniste et photographe britannique Anna Atkins entreprend la réalisation et la publication d’ouvrages scientifiques illustrés par des cyanotypes. Il s’agit là de la première fois qu’un livre de photographies est publié. La photographie est alors un art tout jeune. En 1839, Henry Fox Talbot proposait une première méthode de photographie contact utilisant les sels d’argent (à l’origine de la photographie argentique). Il sera suivi en 1842 par John Herschel, scientifique également britannique, qui utilise quant à lui des sels de fers pour développer la méthode de photographie cyanotype (qui est donc, techniquement, de la photo ferrique).
John Herschel est un ami de longue date de la famille, autant de Anna Atkins que de son père. C’est grâce à cette amitié que Anna Atkins peut bénéficier de sa recette pour le cyanotype, quelques mois seulement après sa mise au point. Elle avait déjà, par le passé, illustré des ouvrages botaniques par des dessins. La technique toute neuve du cyanotype lui permet d’apporter une rigueur scientifique révolutionnaire, ainsi qu’une esthétique unique.
Les tout premiers livres de photographie au monde
Dès 1843, elle entreprend de réunir ses cyanotype d’algues dans un premier ouvrage scientifique botanique : Photographs of British Algea : Cyanotype Impressions. Elle en réalise de nombreuses copies : on estime que plus de 400 exemplaires ont été produits, chacun contenant évidemment des cyanotypes uniques. Henry Fox Talbot et John Herschel s’en sont notamment vu offrir des exemplaires. Malheureusement, de nombreux volumes ont été perdus avec les années, et il en subsiste seulement une vingtaine aujourd’hui.
Photographs of British Algea : Cyanotype Impressions sera suivi d’un second volume, dédié cette fois aux algues : Cyanotypes of British and Foreign Ferns, qu’elle réalise et publie à partir de l’été 1853. Cette fois, Anna Atkins en réalise seulement deux exemplaires. Par chance, l’un d’entre eux a été soigneusement préservé. Suite à une vente en 1984, il se trouve aujourd’hui au J. Paul Getty’s Museum, en Californie. Si vous passez par là, ne manquez pas d’aller les admirer en vrai ! Le museum propose un vaste catalogue de ressources en ligne, et il est possible d’admirer en ligne les scans de cyanotypes de Anna Atkins.
Une magnifique réédition de Cyanotypes of British and Foreign Ferns
Mais la Californie, c’est un peu loin, et le numérique, ça a ses limites ! Par bonheur, la maison d’édition indépendante britannique Art Meets Science (quel nom parfaitement approprié !) propose une réédition soignée de Cyanotypes of British and Foreign Ferns. Le livre, d’un peu plus de 120 pages, présente tous les cyanotypes de fougères de Anna Atkins, avec une impression soignée sur un papier de qualité. C’est un bonheur à feuilleter, et une joie de pouvoir admirer les cyanotypes de la pionière du genre : admirer ses réussites, les effets de transparence, les jours que l’on peut deviner les plus ensoleillés et les plus nuageux suivant le rendu des fougères, la délicatesse des feuillages…
Les impressions de cyanotypes sont précédés d’une introduction historique, ainsi que d’une précieuse réédition de l’article scientifique original par lequel John Herschel présentait sa découverte du cyanotype en 1842. Le livre contient également une biographie de Anna Atkins. Trop peu d’éléments ont malheureusement été préservés de sa vie (le tragique sort des femmes de science) ; mais la plupart des éléments de l’article de blog que vous êtes en train de lire en sont tirés, et vous y apprendrez de précieuses anecdotes.
Un livre beau, scienfique et émouvant, à mettre dans les mains de tout cyanotypiste passionné !