Les “blueprints” ou plans architecturaux ont joué un rôle crucial dans l’évolution de la construction, de l’ingénierie, et de l’architecture. Bien que le terme “blueprint” soit aujourd’hui utilisé de manière générique pour désigner tout plan technique, il trouve ses origines dans une technique spécifique : le cyanotype. Cet article explore l’histoire des blueprints, le rôle central du cyanotype dans leur développement, et les technologies plus modernes qui ont fini par le remplacer.
Un blueprint dans la série Lost
Le Cyanotype : La Naissance des Blueprints
Inventé par Sir John Herschel en 1842, le cyanotype est l’une des premières techniques utilisées pour créer des copies de plans architecturaux. Le processus est relativement simple : une feuille de papier est rendue photosensible par l’enduction de sels de fer sensibles à la lumière. On vient ensuite disposer sur ce papier photosensible un dessin sur papier transparent. Les lignes du dessin forment des ombres sur le papier photosensible. Lorsque l’ensemble est exposé au soleil, les parties exposées deviennent bleues, tandis que les parties protégées par les lignes du dessin restent blanches, produisant une image nette avec des lignes blanches sur un fond bleu. Cette méthode permet de reproduire des dessins, des plans ou des cartes. Ces copies étaient connues sous le nom de “blueprints” en raison de leur couleur distinctive.
Le cyanotype a rapidement gagné en popularité pour la reproduction de plans, grâce à sa simplicité et à son coût relativement faible. Cependant, malgré son succès initial, cette technique avait des limitations, notamment en termes de reproductibilité et de lisibilité, qui ont conduit à l’émergence de méthodes plus avancées.
Le Diazotype : Une Révolution Industrielle
Avec le développement de nouvelles technologies, le cyanotype a progressivement été remplacé par le diazotype, également connu sous le nom de procédé à l’ammoniac. Apparue au début du 20e siècle, cette technique offrait plusieurs avantages par rapport au cyanotype. Le diazotype utilisait des sels diazo, qui sont également photosensibles. Lorsqu’ils sont exposés à la lumière ultraviolette (UV), ces sels peuvent subir une décomposition chimique qui neutralise leur activité. Initialement colorés (noir ou bleus, par exemple), ils deviennent incolores après exposition aux rayons UV. Ainsi, les blueprints obtenus par le procédé de diazotype produisaient des copies avec des lignes noires ou bleues sur un fond blanc, améliorant ainsi la lisibilité des plans. La différence entre les blueprints obtenus par le procédé du cyanotype et ceux obtenus par le procédé à l’ammoniac est donc que les cyanotypes donnent des blueprints avec des lignes blanches sur fond bleu, alors que les diazotypes donnent des blueprints avec des lignes bleues sur fond blanc.
Le processus de développement à l’ammoniac était plus rapide que le cyanotype, ce qui en faisait une méthode idéale pour la production en série de copies. Elle était en revanche plus polluante, le développement dans l’ammoniac étant plus agressif que le développement du cyanotype qui se fait, lui, dans l’eau.
La Xérographie : Le Début de l’Ère Moderne
Dans les années 1960, la xérographie ou photocopie a révolutionné la reproduction des documents techniques. Cette technique, inventée par Chester Carlson en 1938, permettait de produire des copies rapides et économiques en utilisant un processus électrostatique pour transférer du toner sur du papier. Les photocopieurs sont devenus omniprésents dans les bureaux d’architecture et d’ingénierie, offrant une alternative pratique et fiable aux méthodes plus anciennes comme le diazotype.
L’Impression Numérique : Flexibilité et Précision
Avec l’avènement des ordinateurs et des logiciels de Conception Assistée par Ordinateur (CAO) dans les années 1980 et 1990, l’impression numérique est devenue la norme pour la production de plans. Les imprimantes laser et jet d’encre permettent aujourd’hui de produire des plans de très haute qualité directement à partir de fichiers numériques, avec une flexibilité inégalée en termes de couleurs, de détails, et de rapidité. Les traceurs numériques, capables d’imprimer en grand format, sont désormais utilisés pour produire des plans précis et facilement modifiables.
Du tirage unique à la reproduction à grande échelle
De l’invention du cyanotype au 19e siècle à l’ère moderne de l’impression numérique, les techniques de reproduction de plans ont évolué de manière spectaculaire. Chaque nouvelle technologie a apporté son lot d’améliorations, rendant la production de plans plus rapide, plus précise, et plus accessible. Si le cyanotype a marqué le début de l’histoire des blueprints, il a été rapidement surpassé par des méthodes plus avancées comme le diazotype, la xérographie, et finalement, les technologies d’impression numérique que nous utilisons aujourd’hui.
Il est amusant de constater que, malgré ces nombreux changements techniques, le terme de “blueprint”, venu de la couleur caractéristique donnée par le cyanotype aux toutes premières reproductions de plans, a traversé les époques ! Aujourd’hui et particulièrement en langue anglaise, le terme de blueprint est toujours en usage, et désigne généralement un plan technique, parfois en première ébauche. Un témoignage du passé !
Faire son propre blueprint en DIY
Envie de marcher dans les traces des architectes du passé en réalisant vous-même un blueprint avec la méthode du cyanotype ? C’est une belle idée créative ! Pour cela, munissez-vous de matériel pour cyantoype (papiers déjà imprégnés ou produits à mélanger vous-même), d’un papier de la taille adaptée, de film transparent et d’une imprimante reliée à un ordinateur. Vous trouverez tout ce matériel sur la boutique.
Imprimez le plan de votre choix sur le film transparent. Positionnez ensuite le transparent sur votre papier photosensibilisé pour cyanotype, et plaquez-le bien en utilisant un cadre d’insolation. Il est important que le transparent soit bien en contact avec le papier cyanotype, afin d’obtenir des traits nets. Si le transparent est trop loin, les dessins de votre blueprint risquent d’être flous.
Exposez ensuite l’ensemble au soleil. La durée d’exposition va dépendre de nombreux facteurs, et peut varier de 1 minute à 1 heure suivant le moment de l’année : une durée d’exposition courte en été et longue en hiver. S’il n’y a pas assez de soleil, vous pouvez utiliser une lampe à UV spéciale pour cyanotype. Après exposition, rincez à l’eau. Le rinçage va permettre de fixer l’image de votre blueprint et de révéler sa couleur bleue caractéristique.
Ce projet créatif allie la CAO moderne et la méthode ancienne du cyanotype. Un clin d’oeil à travers les époques !
Pour aller plus loin
Combien de temps exposer un cyanotype en octobre ?
Voici le mois d’octobre : les journées sont plus courtes, le soleil est plus bas, et la météo se fait plus nuageuse… Cela rend la pratique du cyanotype moins évidente, mais riche de possibilités créatives !
Quel matériel pour débuter le cyanotype ?
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